Lundi 2
et mardi 3 juillet 2012 s’est tenue,
dans les locaux de l’université Jean
Moulin ( Lyon III), la seconde édition des 48 heures de la pige. Un rendez-vous
organisé conjointement par les associations Lyon Pige et Profession pigiste.
Une soixantaine de participants ont répondu à l’appel des organisateurs.
Réaliser de l’enquête et de l’investigation en local
La journée de lundi, pluvieuse se déroulait essentiellement dans l’auditorium André Malraux. Une matinée
consacrée au thème : Comment réaliser des enquêtes et de l’investigation en
local ? Avec pour intervenants Laurent
Burlet (Rue 89 Lyon) Slim Mazni (Lyon Capital), Jérémy Demay ( Gazette de la
Côte d’Or), Agnès Thouvenot, journaliste spécialisée dans les politiques
publiques.
Au terme des propos entendus on
constate que le journaliste isolé
désirant enquêter sur un sujet sensible et visant une autorité locale (marché public des
hôpitaux par exemple) se trouve confronté aux limites aussi bien politiques
que financières. Le journaliste doit
alors bénéficier du soutien inconditionnel de sa rédaction notamment en cas de
contestation devant un tribunal. Un moyen de pression assez efficace permettant
d’étouffer certaines affaires en cours. On imagine aisément les pressions et conséquences au niveau local
(sources d’information amoindries, refus de coopération). De même pour
contourner le refus d’une enquête par un
titre, le journaliste peut opter
pour la voie de l’édition. (l’exemple témoignage d’une enquête sur les
violences faites aux femmes refusée par un journal mais accepté par un éditeur).
Un après-midi avec Florence Aubenas
L’après-midi était consacré au thème
investigation et indépendance : le journaliste face à la critique. Invités :
Florence Aubenas, grand reporter au Monde, Farid Sidi-Boumedine (Enseignant en
info-com Lyon II), Jacques le Bohec ( professeur des universités en science de
l’information, Université Paris-Ouest Nanterre), Faïza Nait-Bouda ( doctorante
en science de l’information et de la communication, Grenoble III).
Florence
Aubenas s’appuyait sur son parcours et ses écrits, «La fabrication de l’information»
pour évoquer l’emballement médiatique et certaines dérives journalistiques
comme dans l’affaire Outreau, ou les grèves de routiers de 1995. Elle en
profita pour évoquer Le Monde académie,
un projet permettant à des jeunes (18 à 26 ans de se lancer dans la carrière de
journaliste). Il lui apparaît nécessaire que la
presse trouve de nouvelles façons
de raconter le Monde en confiant les pages à d’autres générations, plus
ouvertes et mobiles que ses prédécesseurs.
XXI, le magazine nouvelle génération
Patrick de Saint-Exupéry grand reporter
au Figaro est le co-fondateur avec Laurent
Beccariat de XXI : une revue destinée à comprendre le monde d’aujourd’hui sans
publicité, vendue uniquement en librairie. XXI est constitué de témoignages
forts ou étonnants, et graphiquement
bien illustrés. En 19 numéros, Saint-Exupéry
a trouvé le lien manquant entre la littérature d’auteur et le magazine de reportage.
En
soirée, les participants ont pu profiter
d’un buffet garni et d’une visite
commentée du musée de l’Institut des frères Lumière (créateurs du
cinématographe).
Des ateliers pour se former et partager
Mardi 3 juillet place aux ateliers
gratuits et formations organisées par Wan Ifra, (pour ceux ayant déposé un
dossier de financement auprès de l’AFDAS,
l’organisme qui gère la formation professionnelle des professionnels de la
presse depuis début 2012). Thèmes proposés : débuter le journalisme à la pige,
trouver un angle original et élaborer un synopsis gagnan, introduction au
journalisme de donnée, initiation aux nouveaux modes de narration.
Pour le reste, 6 ateliers gratuits
permettaient de revisiter les fondamentaux.
Statut du journaliste rémunéré à
la pige, développer ses réseaux, la pige
spécialisée : atout et exigences. Réussir un reportage à l’étranger. Réaliser
une photo de presse, sans être photographe professionnel. Prud’homme, comment
faire valoir ses droits ?
A peine
terminé, les organisateurs songent déjà à la prochaine édition : Rennes,
Paris, Marseille, Nantes ou ailleurs, l’équipe
de Profession Pigiste, Bruno Crozat animateur du réseau Lyon Pige en tête, semble toujours en quête d’innovation
pour mailler le territoire, se former aux nouveaux enjeux de la presse et se mobiliser contre l’isolement des pigistes.
Vincent ESTASSY
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