LE NOUVEAU JOURNALISME FAIT DEBAT

Les journalistes du Club 26/07 ont visité l'Expo "Homo Mobilis" et écouté la conférence - Photos - Jean-Denis Castellane

e-démocratie et presse 2.0 ( Résumé)

Conférence donnée par Patrice CARRE de la Direction des relations avec les collectivités locales France Télécom Orange, enseignant au CELSA (Université Paris Sorbonne / École des hautes études en sciences de l'information et de la communication).


La liberté de la presse est l'une des caractéristiques fondamentales d'une démocratie.
Il importera tout d'abord de rappeler que les liens entre démocratie et presse (puis mass media et circulation libre de l'information, au sens général du terme) sont ancrés dans la longue durée. Cette histoire qui mêle à la fois conquête des libertés démocratiques et circulation libre de l'information – nous y reviendrons rapidement – se construit dans la seconde moitié du 19ème siècle, avec la généralisation de la presse quotidienne, puis (en dépit des tragédies) se consolide avec la radio et la télévision au 20ème siècle.
Or depuis une bonne dizaine d'années, de nouvelles formes d'accès et de production de l'information font leur apparition. La "révolution numérique" est en marche. A l'échelle mondiale, chaque jour ce sont plus de 5,6 milliards de connections à Internet qui sont enregistrées. On prévoit – à l'horizon 2015 – 7 milliards de terminaux connectés … i.e. un terminal par habitant sur la planète dans moins de … cinq ans ! Cette révolution numérique affecte notre vie quotidienne.
Dans notre pays les technologies de l'information et de la communication sont entrées massivement dans le quotidien de nos concitoyens (cf. enquêtes CREDOC) et la question qui se pose souvent est de savoir s'il existe un lien entre cette pénétration massive et de nouvelles pratiques de la citoyenneté qu'observent élus, militants et commentateurs de la vie politique. En effet, le numérique nous incite à repenser les formes de la médiation politique.
Cette révolution numérique affecte également les contenus. Ils tendent à s'affranchir de plus en plus de leurs supports physiques d'origine. Le texte "échappe" au papier, tout comme la photographie; l'audio échappe à la radio ou au disque; l'image n'est plus l'apanage de l'écran de télévision ou de l'écran du cinéma … La consommation de la presse en ligne ne cesse de croître, les radios offrent une écoute décalée via le web et le "podcast", les offres de "catch up" par les chaînes de télévisons sont désormais relativement banales, la VOD explose … De plus, à la consultation et l'échange d'informations, vient désormais s'adjoindre la production, par l'internaute lui-même, de contenus. C'est l'une des caractéristiques du Web 2.0.
L’évolution de nos sociétés - et le moteur principal en est, sur bien des aspects, la technologie numérique - a engendré des bouleversements radicaux sur le plan social, économique et bien sûr politique. En effet, le rôle joué par les technologies de l’information et de la communication, notamment les réseaux sociaux, dans les révolutions récentes au Maghreb et au Proche et Moyen Orient, a non seulement montré l’émergence de nouveaux usages mais également leur rôle dans la transformation de l’ordre politique.

Dans un contexte politique complexe, comment repenser une communication démocratique, comment repenser l'intérêt général, quel sens donner au bien commun ? Comment définir les "cultures du numérique" ? Quels possibles ouvrent-elles aux citoyens, aux décideurs politiques, aux acteurs sociaux ? Quelles conséquences pour nos sociétés … Telles sont quelques unes des questions que nous tenterons d'aborder.